LA CROIX
8 Mai 2012
Un diplôme bientôt obligatoire
pour pouvoir travailler dans les pompes funèbres
Voilà plus de trois ans que ce décret était attendu, mettant en œuvre l’une des dispositions de la loi du 19 décembre 2008. À partir de 2013, toute personne souhaitant travailler dans le secteur des pompes funèbres (conseiller ou assistant, maître de cérémonie, dirigeant d’une entreprise), devra être titulaire d’un diplôme spécifique. Le décret vient ainsi combler une double lacune, selon Nelly Chevallier-Rossignol, déléguée générale de la confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM). « Jusqu’ici, il y avait bien une formation obligatoire mais à la fin de ce stage, aucun contrôle des connaissances. Autrement dit, il suffisait d’avoir assisté aux cours pour pouvoir travailler dans le secteur, sans garantie des compétences acquises », explique-t-elle. Quant au certificat de qualification professionnelle, créé il y a quelques années, il reposait sur le volontariat. POMPES FUNÈBRES, UN SECTEUR DIFFICILEPour la déléguée, l’autre enjeu est la « valorisation de ces métiers » qui regroupent 22 000 salariés. « Ce sont des professions difficiles, renchérit le sénateur Jean-Pierre Sueur (PS, Loiret), à l’origine de la loi de 2008. Il est impératif qu’employés et dirigeants, qui reçoivent des familles en souffrance, maîtrisent à la fois des connaissances juridiques, financières et surtout psychologiques. » Selon Nelly Chevallier-Rossignol, le diplôme sera organisé en trois étapes : un QCM, une évaluation pratique et un oral devant un jury composé de représentants d’élus locaux, de magistrats, d’universitaires, etc. En outre, la formation (de 70 heures de cours pour un maître de cérémonie à 188 heures pour un dirigeant) sera étoffée, comprenant un pan juridique, abordant la réglementation, le droit administratif, celui de la consommation, etc., mais aussi une approche de la psychologie du deuil et des différents rituels. UNE ATTRIBUTION DES DIPLÔMES IMPARTIALE« Accueillir les familles endeuillées est une grande responsabilité, constate lui aussi Michel Kawnik, le président de l’Association française d’information funéraire, une organisation d’usagers. Une parole déplacée, un comportement inadapté peuvent en effet avoir des conséquences à long terme pour certains proches. » Ce dernier se réjouit donc de la création d’un diplôme mais s’inquiète du fonctionnement des jurys et de leur indépendance. « Les acteurs du secteur funéraire sont très puissants et les enjeux financiers colossaux, souligne-t-il. Il faudra donc veiller à ce qu’il y ait une vraie transparence dans les procédures pour que l’attribution des diplômes soit impartiale. » MARINE LAMOUREUX |