LE PARISIEN
30 octobre 2024
Michel Kawnik, président-fondateur de
l'Association française d'information funéraire
SURVEILLANCE "Des trafics pourraient être stoppés" LES PILLAGES dans les cimetières sont dévenus courants au point de dissuader les familles de parer les sépultures. Pourtant, ce fléau pourrait être endigué par la vidéo-surveillance, assure Michel Kawnik, fondateur de l'Association française d'information funéraire. À condition, selon lui, que les villes, qui ont la charge de les sécuriser, acceptent d'investir davantage. Les vols dans les cimetières sont-ils un fait nouveau ou ont-ils toujours existé ? MICHEL KAWNIK. Depuis plus de trente ans qu'existe notre association, il y a souvent eu des remontées d'actes de vol dans les cimetières. Il peut s'agir d'objets onéreux en bronze, de plaques, de fleurs... Ce sont des lieux mal protégés. Et les gens portent rarement plainte. Sur notre site internet, il y a une rubrique "vols" mais nous avons très peu d'envois. Comment peut-on dissuader les voleurs de venir piller des tombes ? Les maires sont responsable de la police des cimetières. Ils devraient mieux les protéger contre ces vols. Mais pour des raisons économiques, il y a peu de gardiennage, de vidéoprotection. Pourtant ça existe, au Père-Lachaise à Paris et dans quelques autres cimetières, il y a des caméras. Je suis persuadé que s'il y avait une meilleure prise en considération de la place du cimetière dans la ville, les maires agiraient comme ils le font pour d'autres endroits. Avec plus de surveillance, des trafics pourraient être stoppés. Quelles sont les filières qui commettent ces vols ? Lors de la Toussaint, il y a souvent des disparitions de fleurs. C'est un produit onéreux et des personnes se les approprient. Lors des obsèques, aussi, il y a souvent des vols, des disparitions, ça peut être des plaques ou d'autres objets. Les auteurs peuvent faire partie de la famille. Les périodes d'obsèques peuvent en effet être un moment de règlement de comptes où l'on va chercher à porter préjudice, se venger. Et il y a les vols de métaux. C'est un véritable trafic. Des statuettes en bronze, qui valent très cher, peuvent être revendues dans d'autres cimetières ou fondues et revendues au prix du métal. Parfois, certains éléments comme les entourages métalliques de sépultures sont revendus en l'état à l'étranger. Je me souviens d'un cas datant d'il y a quelques années où des malfaiteurs les démontaient pour les envoyer dans les cimetières animaliers aux Etats-Unis. Ils ont été arrêtés. Quelles sont les conséquences de ces vols ? Il y a quinze ou vingt ans, on voyait encore de magnifiques statues italiennes, vernies. On n'en voit quasiment plus à cause des vols, sauf peut-être chez les gens du voyage qui accordent une grande importance à leurs morts et ont souvent les plus belles concessions. Aujourd'hui, on démartérialise de plus en plus la personne défunte et son souvenir. Disperser des cendres devient de plus en plus courant. Les marbriers funéraires proposent de moins en moins d'objets chers. Et c'est aussi un manque à gagner pour les professionnels du secteur.
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