FRANCE BLEU
24 octobre 2024
Toussaint : trois conseils pour organiser les obsèques d'un
proche
Comment organiser les obsèques d'un proche quand on est plongé dans le chagrin d'un deuil ? France Bleu a recueilli les conseils de Michel Kawnik, de l'Association française d'information funéraire Michel Kawnik appelle ça le "mode d'emploi des obsèques". Lui qui a fondé l'Association française d'information funéraire en 1992 (on le trouvait sur le Minitel !) est rodé quand on lui demande de livrer ses conseils. Son association propose ses services gratuitement pour aider des particuliers endeuillés. Elle revendique jusqu'à 2.500 connexions
Prendre son temps
"Quand il y a un décès, il n’y a plus aucune urgence" explique Michel Kawnik. Il ne faut donc surtout pas se précipiter. La loi autorise qu’une inhumation ou une crémation soit effectuée dans les 14 jours qui suivent le décès. "L’urgence est une stratégie commerciale de société de pompes funèbres". Michel Kawnik recommande de mettre en concurrence les sociétés de pompes funèbres, de leur demander des devis, de les interroger avec des questions-type :
Si la personne qu'on enterre est décédée chez elle, dans un ehpad ou à l'hôpital, les règles ne seront pas les mêmes. Dans le cas d'un décès au domicile familial du défunt ou dans sa chambre en ehpad (considérée comme son domicile), le corps peut rester sur place pendant les 14 jours autorisés par la loi depuis juillet 2024. Au domicile familial, "il faut demander à la société de pompes funèbres le prêt d’un lit réfrigérant (un service parfois payant), ou la mise en place de sachets de glace carbonique". "Dans le cas d'un décès en ehpad, rappelle Michel Kawnik, il n’y a nullement à accepter des transports ou des séjours vers des chambres funéraires privées". Si le décès a lieu dans un centre de soins, comme une clinique ou un hôpital, "qu’il y ait ou pas une chambre mortuaire, il y a un principe de gratuité de prise en charge du corps et de tous les frais dans les trois jours qui suivent le décès". Michel Kawnik précise que "les centres de soins et les ehpads poussent parfois les familles à appeler les pompes funèbres elles-mêmes pour demander le transport vers une chambre funéraire. Dans ce cas, les frais risquent de leur être adressés plutôt qu'à l'établissement." Comprendre les "soins de conservation"
"Nombre de sociétés de pompes funèbres incluent des soins de présentation", insiste Michel Kawnik. "Les familles acceptent en pensant qu'il s'agit de coiffer, maquiller et habiller le défunt et c’est en rentrant chez elles qu’elles s’aperçoivent que ça coûte 400 à 500 euros en plus". Les soins de présentation recouvrent des actes de thanatopraxie qui ne sont pas toujours nécessaires et d'après Michel Krawnik, les familles confondent souvent la toilette mortuaire avec ces soins appelés aussi embaumement. Ça coûte combien des obsèques ? Impossible de répondre à cette question d'après Michel Krawnik. Selon l'Afif, les prix varient énormément d’un secteur géographique à un autre, voire sur un même secteur, parfois pour des services équivalents. En octobre 2019, l'UFC Que choisir faisait le même constat d'un manque de transparence des sociétés de pompes funèbres sur leurs tarifs et évoquait des factures comprises entre 1.269 euros et plus de 7.500 euros. Pour se donner une idée, le règlement des obsèques de quelqu'un peut être pris en charge par sa banque à hauteur de 5.000 euros maximum (via un prélèvement sur le compte du défunt). Autre option, la plateforme "Meilleures pompes funèbres", créée en 2010, propose aux familles endeuillées d'obtenir des devis auprès de ses adhérents dans la ville de leur choix.
Avec les années, Michel Kawnik a fait de l'information des particuliers sur les obsèques une question de principe : "Très souvent, quand il y a un décès, les proches sont déstabilisés, totalement incompétents, extrêmement manipulables et ne connaissent pas leurs droits. C’est pour ça qu’il faut une éthique commerciale spécifique dans le domaine des pompes funèbres". Son association a proposé aux sociétés de pompes funèbres d'adhérer à une charte qui leur imposerait notamment la transparence sur les tarifs, mais l'initiative ne semble pas avoir convaincu les professionnels du secteur. D'après Michel Kawnik, sur environ 13.000 points de vente en pompes funèbres (4500 sociétés), quarante ont accepté une telle démarche.
De Bénédicte Courret |
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