En moyenne, des obsèques coûtent environ 3.000 euros selon une
enquête Que Choisir de
2011. Le marché funéraire ne connaît pas vraiment la crise, au
regard du nombre de décès annuel (plus de 559.000 enregistrés en
2012 selon l'Insee) ; il peut même s'avérer lucratif : les obsèques
représentent la troisième dépense des ménages après l'habitat et la
voiture.
Depuis
1993, les communes ne gèrent plus le service extérieur des pompes
funèbres, qui veillait à ce que des funérailles laïques puissent
être organisées pour ceux qui le souhaitaient. Jusque dans les
années 1990, les communes déléguaient cette tâche à des
entreprises qui exerçaient un monopole, à l'instar des Pompes
Funèbres Générales (PFG), propriété de la Lyonnaise des eaux
jusqu'en 1997.
Abus de tous genres
L'ouverture du marché devait permettre à de nouvelles entreprises de
s'installer, et créer une concurrence faisant baisser les prix. Un
raté selon Michel Kawnik, président de l'Association française
d'information funéraire(Afif), qui ne mâche pas ses mots. Il raconte
des dizaines d'anecdotes, un peu amer, clairement en colère :
funérailles payées deux ou trois fois, pompes funèbres qui font
passer pour obligatoires des services optionnels, devis très vagues
qui trompent le client. Selon lui, «
la réalité dépasse parfois la fiction ».
Premier élément
propre au marché funéraire : un service public géré par des sociétés
commerciales dans un environnement concurrentiel.
Les familles qui n'ont pas les moyens peuvent faire inhumer ou
crématiser un défunt à la charge financière de l'Etat. Chaque
cimetière doit être pourvu d'un « carré des indigents » qui a cette
vocation.
Quant aux
familles qui peuvent financer des obsèques, elles doivent composer
avec de nombreuses offres parfois difficiles à décrypter, et ce dans
un état de fragilité émotionnelle.
Les pompes funèbres fixent
elles-mêmes leurs tarifs. « Un
produit similaire peut aller du simple au double. Il faut donc faire
jouer la concurrence, s'informer de la législation en vigueur pour
discerner ce qui est obligatoire de ce qui ne l'est pas et demander
des devis », explique Michel Kawnik. La désinformation peut
coûter extrêmement cher aux familles qui n'en ont pas forcément les
moyens, et qui sont de plus en plus nombreuses à le contacter pour
divers abus.
Termes vagues
Pour le président de l'Afif, les sociétés de pompes funèbres
exercent « la loi du
silence, s'entendent et optent pour des termes vagues ». Exemple
concret : les « soins
de présentation ». « On
comprend l'habillage et le coiffage. En fait il s'agit de "soin de
conservation" qui impliquent l'injection de 8 à 10 litres de formol
dans le corps du défunt, ce qui dure une heure et demie et coûte
cher ». D'autre part, cette injection est formellement interdite
dans le judaïsme et l'islam.
Pour éviter ce genre de situation, il faut demander des
explications et se donner le droit de refuser certaines prestations,
quitte à les barrer sur le devis.
Autre technique de « captation de la clientèle » selon Michel
Kawnik : la culpabilité.« Certains opérateurs vous font croire
que si vous ne dépensez pas, vous ne respectez pas. Ce n'est pas
normal d'agir ainsi sur la corde sensible », martèle-t-il.
Et les contrats d'obsèques ?
Le président de l'Afif ne voit pas dans les contrats d'obsèques
une solution aux abus :« 95 % de ces contrats sont en fait des
assurances-vie qui débloquent un capital en cas de décès. Les
placements se font à un instant "t" et l'argent travaille à hauteur
de 2 %, quand les tarifs des entreprises funéraires augmentent de
4 % à 8 % par an. Rien ne dit que le capital de départ couvrira la
dépense ». Mieux vaut effectuer un règlement d'obsèques à
l'avance, qui consiste en un contrat passé entre l'assurance et les
pompes funèbres.
Michel Kawnik rappelle qu'en cas de décès,
les sociétés peuvent prélever la somme dédiée aux obsèques
directement sur le compte du défunt.