L'EST REPUBLICAIN
5 Mai 2012 La mort demande un diplôme.
Interview de Michel KAWNIK, Président de l'Association française
d'information funéraire. Faut-il attendre rapidement des retombées positives de cette obligation de diplôme ?
Il faut se réjouir de cette décision. Avant, il y avait des
formations pour les différents personnels, porteur, chef de
cérémonie, conseiller funéraire comme pour les chefs
d’entreprise. Mais une simple attestation de ce suivi de
formation suffisait, soit pour obtenir un contrat de travail,
soit pour créer son entreprise dans ce domaine, via une
habilitation préfectorale. Alors oui, une formation
supplémentaire et un diplôme pour obtenir des professionnels
mieux qualifiés, c’est une nécessité car ce métier nécessite
beaucoup de sens des responsabilités, et des compétences
reconnues. Ce n’est pas toujours le cas. C’est-à-dire ?
À ce jour, 80 % des entreprises funéraires profitent de la
vulnérabilité des familles et de leur manque de lucidité sur
l’instant pour proposer des tarifs excessifs. Ce qui domine
d’abord, c’est la volonté de faire de la marge. Elles ont les
bénéfices en tête, bien avant les questions d’éthique ou les
obligations d’informer les clients, qui ne sont pas respectées.
Résultat, c’est souvent le mensonge et la manipulation qui
pèsent dans ces moments douloureux pour les proches du défunt. Quelle devrait être la fourchette moyenne du coût d’un décès ?
Difficile de répondre car cela varie d’une région à l’autre,
d’une entreprise à l’autre, d’un quartier à l’autre… Néanmoins,
on considère que les tarifs devraient dans l’ensemble être
ramenés 30 % moins chers. Or, on constate, pour des prestations
voisines, des prix qui passent du simple au double, voire au
triple. Donc, nous invitons les clients à se renseigner, et à
faire jouer la concurrence. Jamais évident, lorsque le deuil frappe…
Bien évidemment, néanmoins il faut se dire que s’il est bien un
moment où il n’y a plus d’urgence, c’est bien après le décès.
L’urgence, c’est une stratégie et un argument commercial.
Légalement, une inhumation doit intervenir dans les six jours,
il ne sert donc à rien de se précipiter dans les premières
heures en signant chez le premier venu. Il faut, à l’inverse, se
documenter, venir sur notre site et poser des questions claires.
Et la société qui renâcle à répondre aux questions, il faut
l’éliminer. Propos recueillis par Antoine PETRY
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