GREENZER 30 octobre 2009
Dioxine, mercure, plomb : nos morts polluent les sols, l'air et les nappes phréatiques. Selon l'Association française d'information funéraire, les professionnels de la mort utilisent des techniques dépassées, polluantes et nocives pour la planète et la santé... des vivants. Enquête sur ces morts qui n’ont pas fini de faire parler d’eux. Nos corps sont pollués. Si cette évidence ne nous frappe pas au quotidien, les professionnels de la mort, eux, le savent. « Comme les ours ou les poissons, nous absorbons toute notre vie des pesticides et des métaux lourds qui s’accumulent dans notre organisme », nous explique Michel Kawnik de l’Association française d’information funéraire (AFIF). Une étude montre par exemple que « nos corps contiennent en moyenne 6 g de mercure » (implants dentaires…). Nous stockons aussi du plomb et d’autres métaux lourds. La multiplication des morts de longues maladies est aussi malheureusement une source de toxicité aujourd’hui. En cause ? Les traitements chimiques extrêmement durs administrés aux malades. Tous ces produits toxiques terminent dans le sol puis dans les nappes phréatiques sous l’action de l’infiltration, ou partent en fumée qui finit par retomber sur les maisons, les jardins, les champs alentours... Le formol utilisé pour l'embaumement est cancérigène pour les vivants L'utilisation de formol pour l’embaumement des cadavres par les thanatopracteurs constitue un véritable écocide et est une source de maladie pour les riverains : un scandale qui ne fait pourtant pas beaucoup de bruit ! Pour donner à nos morts un visage de vivant, on injecte en effet dans leurs veines « 8 à 10 litres de produits à base de formol ». Cette substance est si toxique que les professionnels doivent s’en protéger en portant masque, gants, lunettes et combinaison pendant l’opération ! Si le corps est enterré, ce toxique suit le même trajet que les pesticides et vient enrichir les nappes déjà surabondamment abreuvées de nos déchets. S’il est incinéré c’est pire ! « Il atterrit dans l’atmosphère, c’est un poison !, souligne Michel Kawnik. Dans les cas de crémation, la conservation du mort au formol devrait être formellement interdite car elle transforme les produits formolés en dioxine, un produit est cancérigène, irritant, perturbateur de fertilité ». Foetotoxique, perturbateur hépatique, responsable de lésions cutanées... le palmarès des dioxines n’est plus à dresser, mais la France ferme les yeux. Des alternatives plus écolo boudées par les professionnels « La législation européenne limite la formolisation voire l’interdit sauf en France et en Angleterre. Dans les pays nordiques, en Belgique, en Suisse, cela n’existe pas ! », s'indigne Michel Kawnik. Et pour cause puisque cette pratique est source d’empoisonnement et qu’ « elle peut être avantageusement remplacée par d’autres techniques de conservation des corps, comme la rampe réfrigérante ou la conservation des corps en chambre froide. Alors pourquoi cette pratique ? Parce que la formolisation peut rapporter gros : 400 ou 500 euros par corps ! Selon Michel Kawnik, « 90% des sociétés de pompes funèbres ne tiennent pas comptent » de ces données connues et en profitent pour sous-informer leurs clients et leur facturer des frais pour ces opérations inutiles pour la plupart des cas et dangereuses. En toute connaissance de cause. « Ils refusent aussi l’installation de filtres qui permettraient de réduire les fumées toxiques à la sortie des crématoriums car ils coûtent cher : entre 150 000 ou 200 000 euros. Ils attendent d’y être contraints par la loi ». Dans les autres pays d’Europe pourtant, ces filtres sont déjà obligatoires ! Pour Michel Kawnik et l'AFIF qui lutte contre cette désinformation, c’est tout simplement « criminel ».
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