L'enterrement tourne au cauchemar
Thiais
COMMENT FAIRE le deuil de sa mère lorsque l'enterrement a tourné à
la farce cruelle et indigne ? Les quatre enfants de Gisèle P.,
décédée à l'âge de 61 ans, vont devoir composer entre la douleur
et la colère qui les animent aujourd'hui contre l'entreprise
funéraire Barbier, chargée de l'inhumation organisée au cimetière
municipal de Thiais. Le député-maire,
Richard Dell'Agnila (UMP), est même intervenu afin que ses
collaborateurs appuient aujourd'hui, auprès du commissaire de la
commune, la plainte de la famille déposée samedi contre la
société. L'élu parle, en effet, d'un comportement «extrêmement
choquant». Et pour cause...
Un
trou trop petit pour le cercueil
Retour sur les faits. Jeudi, vers 15 h 30, le cortège
composé d'une trentaine de personnes vient rendre un dernier
hommage à Gisèle, habitante de Thiais depuis une quarantaine
d'années. Lors de la dépose du cercueil, c'est la
stupéfaction. Le trou creusé par les employés de
l'entreprise Barbier est trop petit. Impossible de poser le
cercueil à l'horizontale. Qu'importe, «les fossoyeurs ont
tenté de le faire entrer de biais, à l'aide de grand coups
de pied en l'abîmant au passage», raconte Patrice, fils de
la défunte. En vain. L'assemblée
commence sérieusement à être mal à l'aise. On essaie donc de
l'enterrer à la verticale. Cette fois, c'en est trop pour la
famille qui demande à ce que l'on creuse à nouveau. Réponse
de l'ouvrier à la sœur de la défunte : «Si vous n'êtes pas
contente, vous n'avez qu'à prendre la pelle ! Moi, je suis
aux 35 heures. Je n'ai pas que ça à faire ! »
Police et mairie interviennent sur les lieux
«Il était odieux, c'était un vrai cauchemar, raconte
Claudine, sœur de Patrice. En plus, un tas de terre et des
outils nous empêchaient de nous recueillir convenablement
devant la tombe de ma mère. La famille est d'abord passée
puis, lorsque ce fut le tour des amis, l'ouvrier a commencé
à recouvrir le cercueil de terre. La cérémonie n'était pas
même pas terminée !» Fou de rage,
Patrice téléphone à la police qui intervient sur les lieux,
ainsi que des élus de la mairie. Des proches joignent
également le responsable de la société Barbier, basée à
Thiais, qui n'a pas jugé utile de se déplacer. Les gens sont
ainsi restés sur place, prostrés et outré, jusqu'à 19
heures. Contacté à plusieurs reprises,
le responsable de l'entreprise Barbier n'était pas
disponible non plus pour répondre à nos questions. Qu'en
est-il aujourd'hui ? «Ma mère est enterrée debout, comme un
vulgaire sac à patates. Pour cela, ils ont poussé le
cercueil au maximum. C'est horrible et inhumain. Je n'en
dors plus la nuit tempête Patrice, au bord des larmes. Après
toutes les souffrances qu'elle a endurée, liées à la
maladie, cet enterrement, c'est comme si elle était morte
une deuxième fois.»
CHRISTINE MATEUS
|
|
|
|
THIAIS, CIMETIERE MUNICIPAL, JEUDI.
Le trou prévu pour la dépose du cercueil de Gisèle P. étant
trop petit, les fossoyeurs l'ont enterrée à la verticale.
(DR.)
|
«Il faut
toujours porter plainte.»
MICHEL KAWNIK, président de l'Association française
d'information funéraire
LE
PRESIDENT-FONDATEUR de l'Afif (Association française
d'information funéraire), Michel Kawnik, n'a pas de mots
assez durs pour qualifier l'attitude de la société Barbier
dans cette affaire. «Il faut lutter contre cette loi du
silence dont profitent ces entreprises qui manquent
d'éthique. Il faut toujours porter plainte auprès du
commissariat ou du procureur de la République. De telles
atrocités ont des répercussions psychologiques importantes
auprès des proches» Que faire, donc ? «L'entreprise a une
obligation de résultat. Dans les honoraires payés par les
familles, les déplacements sont compris, notamment pour que
la vérification des mesures soit faite avant l'inhumation.
Toutefois, l'erreur est humaine. En cas de problème, tous
les cimetières ont un caveau provisoire et l'entreprise doit
faire le nécessaire à ses frais.» Autres conseils : la
famille doit adresser un courrier au service des pompes
funèbres de la préfecture et expliquer sa mésaventure.
«L'habilitation des entreprises est délivrée par le préfet,
il peut aussi très bien la retirer...» A ce jour,
l'entreprise Barbier a proposé à la famille P. un
dédommagement de 412 € sur les 3 200 € qu'elle a dû
débourser. «C'est tout simplement inacceptable», conclut,
écœuré, Michel Kawnik.
C. M.
Afif
(association loi 1901),Tél.
05 46 43 44 12
|
|