THE EPOCH TIMES
7 mai 2021 Mis à jour: 10 mai 2021
ACTUALITES « J’ai vu malmener les corps » : un
ancien employé des pompes funèbre dénonce des pratiques
« obscènes » PAR NATHALIE
DIEUL Un ancien employé des pompes funèbres Roc
Eclerc de Mérignac, en banlieue bordelaise, a décidé de
témoigner des horreurs qu’il a vues et de celles qu’on lui a
racontées pendant les années où il travaillait pour cette
entreprise. Actuellement en procédure devant les
prud’hommes, il raconte à France 3. « On nous a fait signer une charte sur
l’empathie, sur le respect, sur la dignité, tout ça. C’est
des salades, ils en ont rien à cirer »,
assure Jonathan, qui dénonce des pratiques « obscènes »,
monnaie courante dans l’entreprise où il était employé. « J’ai
vu malmener des corps. » Des exemples ? Entre ceux qu’il a lui-même vécus et
ceux que ses collègues lui ont racontés, dont il a noté les
détails et collecté les documents pour les remettre à la
justice, ils témoignent tous d’un manque total de respect
pour les défunts ainsi que pour les salariés, de la part de
son employeur. Une ou deux personnes maximum faisaient les mises
en bière, ce qui est insuffisant pour le faire dans de
bonnes conditions. « Parfois, quand il faut sortir les
corps du frigo, quand c’est hors gabarit, c’est trop
compliqué donc ça claque. On entend des bruits »,
explique celui qui est hanté par ces souvenirs de
claquements de fragments d’os. Dans un autre cas, on lui a demandé de faire
rentrer « quoi qu’il en soit » un corps d’1 m 90
dans un cercueil d’1 m 80. « On m’a dit de couper un
tendon ou de casser un os », se souvient Jonathan, qui
assure ne rien avoir cassé. Parmi les témoignages qu’il a recueillis, il y a
celui d’une inversion de corps, réalisé par un collègue, qui « a
encore du mal à dormir », sous la pression de sa
hiérarchie. « Les familles se sont recueillies au
crématorium alors que c’était pas le bon corps »,
s’indigne Jonathan. Ce que raconte l’ex-employé des pompes funèbres
fait écho à un véritable malaise dans le domaine. Ainsi, un
maître de cérémonie qui a voulu rester anonyme assure que le
témoignage de Jonathan, qui l’a touché, « est vrai ».
Il dénonce des conditions de travail avec « des cadences
infernales, appelés de jour comme de nuit ». « Plus personne ne veut faire ce travail pour
être payé 1 180 euros pour un porteur »,
assure le maître de cérémonie, qui parle de sous-effectifs
en cette période de crise sanitaire. « On s’est
retrouvés de 15 à 4 personnes, parfois c’étaient les
familles qui portaient les cercueils », remarque-t-il. Les révélations de Jonathan rappellent aussi celles
d’une ancienne employée et d’un autre encore en poste, en
octobre dernier aux Pompes funèbres de Toulouse, qui avaient
dénoncé des pratiques « scandaleuses », en entrevue
à La Dépêche. L’une des deux personnes a ainsi vu
un « thanatopracteur casser le bras [d’une] personne » qui
ne rentrait pas dans le cercueil, et d’autres défunts se
faire couper la langue pour simplifier la suture. Michel Kawnik, fondateur et président de
l’Association française d’information funéraire (AFIF),
confirme lui aussi qu’ « iI y a des entreprises qui
intègrent dans leur stratégie le manque d’éthique et de
respect dû au défunt ». Il dénonce depuis 30 ans un « lobby
énorme du funéraire ». Son association fournit
gratuitement informations et conseils et reçoit les plaintes
des familles des défunts au 05-46-43-44-12. |
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