LA NOUVELE REPUBLIQUE

23 avril 2021

 

Dans la Vienne, les vols dans les cimetières sont une plaie

Fleurs, plaques, statues, tombeaux parfois : tout disparaît des cimetières. Les parades sont parfois originales mais le fléau reste entier

Juste avant le début de la Grande Guerre, la presse à sensation parisienne faisait ses choux gras des « exploits » de la Bande du losange. La spécialité de ces malfrats, finalement arrêtés et lourdement condamnés : le pillage des monuments funéraires du Père-Lachaise.
Un classique de la petite délinquancePlus d’un siècle plus tard, en avril 2021, le vol dans les cimetières reste un grand classique de la petite délinquance.

Celle qui n’alimente plus les colonnes des journaux, échappe la plupart du temps aux radars de la police et de la gendarmerie – celle-ci n’a enregistré dans la Vienne que 14 plaintes en 2019, 17 en 2020 et 5 depuis le début de cette année – mais pourrit bien la vie des Français.

D’autant plus qu’elle touche à un point sensible : la mémoire de leurs défunts.

Tout récemment (lire notre édition du 16 avril 2021), un habitant de Neuville-de-Poitou a eu son heure de gloire en piégeant la femme qui dérobait régulièrement les fleurs sur la tombe de sa belle-mère : il avait équipé un pot de fleur d’un traceur GPS !

« Il y a toujours eu des vols dans les cimetières mais, là, il y en a de plus en plus », confirme le Rochelais Michel Kawnik, président national de l’Association française d’information funéraire (1), régulièrement alertée par des victimes de tels vols.

Ce ne sont pas seulement des fleurs qui disparaissent mais aussi des objets en métal, des plaques, des urnes funéraires voire des statues !
Les gens renoncent à décorer les tombes« C’est un véritable trafic ! » gronde Michel Kawnik. Les objets métalliques volés sont fondus et revendus au prix du métal. Parfois certains éléments comme les entourages métalliques de sépultures sont revendus en l’état à l’étranger.

On a même eu connaissance ici et là (par exemple à Marseille en 2019) de vol de tombeaux dans leur entier !

Attaché à la beauté des cimetières, le président de l’Afif ne peut que constater au fil des ans la disparition des objets d’ornement.

Parce qu’on vient de moins en moins au cimetière honorer ses morts, c’est vrai, mais aussi parce que les gens se lassent de voir tout disparaître : « Les monuments funéraires, sans statues ni décorations, sont de plus en plus rébarbatifs. »

Règlements de compte en famille


Mais, rappelle Michel Kawnik, les disparitions sur les tombes ne sont pas seulement le fait de bandes de malfaisants : « Il y a aussi pas mal de règlements de compte au sein des familles. Si une plaque “ À mon tonton adoré ” disparaît, c’est peut-être que le neveu en question ne faisait pas l’unanimité dans la famille ! »
Assimilé à une violation de sépulture, le vol sur les tombes est passible à ce titre d’un an de prison et de 15.000 € d’amende.

Encore faut-il réussir à coincer les voleurs. Certaines communes ont décidé de placer leur cimetière sous vidéosurveillance. C’est cher, surtout si le cimetière compte plusieurs entrées et assez peu efficace.

(1) L’Afif, association loi de 1901, accompagne bénévolement les familles en deuil dans leurs démarches, le choix des pompes funèbres. Site internet : https ://afif.asso.fr

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Association Française d'Information Funéraire