FRANCE 24 1er novembre 2021
Impact écologique des funérailles : la pollution s'invite jusqu'à notre mort Même enterrés six pieds sous terre, nous continuons de polluer. Selon une des rares études françaises sur l'impact environnemental des obsèques, commandée par les services funéraires de la Ville de Paris, une inhumation produit jusqu'à 833 kg de CO2, soit presque autant qu'un aller-retour Paris-New York en avion. "Pollution des nappes phréatiques, pollution de l'air… Inhumation au cimetière ou crémation, toutes les funérailles seront polluantes", déplore Michel Kawnik, le fondateur de l'Association française d'information funéraire (Afif) contacté par France 24. "Il n'y a pas que les ours blancs qui accumulent les métaux lourds. Notre corps garde des molécules médicamenteuses et nous accumulons de très nombreux polluants", alerte-t-il. En France, la tendance est à la crémation, méthode choisie par 40 % des Français pour leur sépulture, surtout dans les grandes métropoles, "essentiellement pour des raisons financières". Si la crémation émet en moyenne l'équivalent de 3 % des émissions carbone d'un Français sur un an, contre 11 % pour l'inhumation. Celle-ci n'est pas plus "verte" pour autant. Du formol rejeté dans les airs
La faute au formol, un liquide extrêmement polluant, injecté
en grande qualtité (6 à 10 litres) dans les cadavres, pour
des soins dits de conservation appelés thanatopraxie. Un
embaumement très courant en France, où la thanatopraxie est
pratiquée sur 70 % des corps, alors que le recours aux
formaldéhydes est trictement contrôlé ou totalement interdit
dans la plupart des pays européens. Des soins "superflus",
alerte l'AFIF, pour qui de nombreuses sociétés de pompes
funèbres "poussent" les familles à accepter ces injections
de produits formolés "sans leur fournir d'explications". Le mercure des amalgames dentaires
Une autre source de pollution inquiète particulièrement
l'Afif : le mercure, de moins en moins utilisé mais encore
présent dans les amalgames dentaires, notamment chez les
personnes agées. Si les filtres semblent efficaces contre la
diffusion de ce métal, Michel Kawnik estime que tous les
crématoriums de France n'en sont pas encore équipés, malgré
l'obligation légale. L'inhumation, une pollution des nappes phréatiques
Dans le cas de l'inhumation, la pollution au formol et au
mercure se fera aussi, mais "plus lentement". Dans une
requête, reporterre [le quotidien de l'écologie] cite Claude
Bouriot, ancien ingénieur sanitaire au ministère de la
santé, qui estime à 3,3 kg la quantité de formaldéhyde pur
enterré par cimetière en moyenne. Les produits chimiques
seront diffusés cette fois dans les nappes phréatiques à la
suite de la dégradation du corps. "A long terme,
l'inhumation est plus polluante", estime Michel Kawnik. Les cercueils en carton, encore rares
Face à ces préoccupations écologiques, certains services de
pompes funèbres ont donc commencé à s'adapter. Ils proposent
désormais des cercueils cirés, en bois brut, ou issus de
filières biologiques. |
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