1er novembre 2016
Mort : faites vos comptes !
Chaque année plus de 450 000 personnes souscrivent un contrat
d'assurance obsèques, mais à moins de mourir rapidement, ça n'est pas
toujours intéressant affirme Que Choisir qui a mené l'enquête après
avoir été impressionné par la détresse des témoignages sur ses forums.
Pour être tout à fait correcte, il faudrait plutôt parler de la mort le
2 novembre, jour des défunts, mais demain la vie aura repris. Là on est
un peu dans un entre deux, entre la nuit des morts-vivants grimés
sortant des bars (que j'ai croisé en arrivant au travail ce matin) et ce
jour des défunts. Finalement, on ose peu parler de la mort le reste de
l'année. Il y a des morts dans quasi chacun de nos journaux, mais ils
sont appréhendés de façon lointaine.
Ce matin je voudrais vous parler de la mort sur un plan plus intime,
plus micro-économique pour revenir à la thématique de ce billet.
Combien coûte la mort ? Question morbide s'il en est dont on ne découvre
la réponse que quand on fait l'expérience de la mort d'un proche. Le
coût, économique, de la mort, c'est essentiellement le coût des
obsèques.
Ce marché a été libéralisé
en 1998.
Avant, on n'avait pas le choix de l'opérateur funéraire. Aujourd'hui, il
faut comparer les prix, et loin de diminuer, ils ont augmenté à un
rythme bien supérieurs à l'inflation, justement parce que les familles
des défunts ne font pas jouer la concurrence (ici
la démarche à suivre
www.afif.asso.fr/francais/conseils/conseil14.html) et ne
demandent souvent qu'un seul devis.
Au final, selon le Parisien de ce 1er Novembre, cela revient entre 4000
euros et 7000 euros pour une inhumation, 3500 et 4000 euros pour une
crémation. Mourir à Paris coûte 30% plus cher. Certains assureurs ou mutuelles proposent
aussi des estimations sur leur site. Que Choisir a également mené cette
recherche en 2014, vous trouverez ici
une infographie.
Attention aux assurances obsèques
Sur ces 5 dernières années, les français ont souscrit en moyenne chaque
année 450 000 à 500 000 contrats d'assurance obsèques. Quasiment autant
que le nombre de morts: il y a eu 600 000 morts en France en 2015.
Le principe est le suivant, vous versez une somme au début du contrat ou
vous cotisez sur une durée déterminée ou indéterminée, et à votre mort,
vos proches disposeront d'un capital qu'ils devront utiliser pour vos
obsèques.
Le problème, c'est que ces contrats ne sont pas intéressants, à moins de
mourir rapidement après les avoir souscrit. Alerté par la détresse des
témoignages qu'elle recevait, et lisait sur son forum, l'association Que
Choisir a
mené l'enquête sur 8 de ces produits assurance obsèques.
Résultat, sur 10 ans, le capital versé est inférieur à ce qui a été
cotisé. En moyenne 4000 euros versés pour 4742 euros cotisés.
Dans certains cas de grande longévité, on peut même avoir cotisé 20 000
euros, et ne toucher que 4000.
Ce n'est pas une arnaque, car ces produits ne sont pas des produits
d'épargne mais d'assurance. C'est ce que répondent les assureurs, qui
via leur fédération ont consacré récemment un
dossier à
ces produits. Le principe de l'assurance c'est de cotiser à perte si le
risque, d'inondation, d'incendie, d'accident ne se réalise pas. Là
quelque part, on est sûr que le risque va se réaliser : on va tous
mourir.
Tranquillité non garantie
Les gens qui achètent ce type de produit, achètent une forme de
tranquillité, c'est comme ça que cela leur est vendu.
S'ils ont des proches, c'est pour alléger leur fardeau, s'ils n'en ont
pas ou n'ont pas confiance en eux, c'est pour maîtriser ce qu'il
adviendra de leurs corps. Et c'est là aussi que selon QUE CHOISIR le bât
blesse, car très souvent les formalités exigées par certains assureurs
sont telles que ces contrats d'assurance obsèques deviennent un problème
de plus à gérer pour les proches. Comme les montants sont faibles 4000,
5000 euros, les personnes lésées portent rarement plainte.
Épargner peut être donc plus intéressant. Quitte à se payer aussi un
codicille, tremper sa plume, lâcher prise et rester optimiste. Après
tout, même
Georges Brassens n'est pas enterré en plage de Sète mais
un pin parasol a bien été planté sur son "petit lopin".
|