M. Kawnik, pourfendeur du "lobby funéraire"
Profil
MICHEL KAWNIK, l'infatigable président fondateur de l'Association
française d'information funéraire (AFIF) œuvre bénévolement depuis
vingt ans après avoir été effaré, lors du décès d'un proche, par les
méthodes commerciales du secteur. Vingt années de combat contre le
"lobby funéraire", d'enquêtes menées en jouant les clients
mystère, et même en se faisant embaucher, qui lui ont parfois valu
de recevoir par la poste des cercueils en carton...
Chaque jour, le site de ce sexagénaire qui travaille dans
l'exportation enregistre 4 000 connexions, son téléphone sonne 20
fois, il tente de convaincre que, oui un devis préalable est
indispensable, et que, non, toutes les prestations proposées ne sont
pas nécessaires. "80 % des sociétés de pompes funèbres agissent
sans aucune éthique commerciale spécifique au domaine du funéraire.
Leur seule politique est celle du tiroir-caisse. Tout est fait pour
que les obsèques coûtent le plus cher possible" explique-t-il.
En cas de décès dans un centre de soins, il y a gratuité
d'hébergement du corps pendant trois jours, rappelle-t-il. Un défunt
peut également rester jusqu'à six jours à domicile où il est
parfaitement possible de réfrigérer le corps.
"Mais les
sociétés de pompes funèbres poussent au transfert vers une chambre
funéraire parce qu'il faut bien faire tourner véhicules et salariés
!" s'agace-t-il. Ses relevés l'attestent. Entre le nord et le
sud de la France, ou la région parisienne, les prix passent du
simple au triple. Au sein d'un même secteur géographique, ils
fluctuent encore du simple au double.
Les crémations - qui représentent un tiers des funérailles
aujourd'hui, après un doublement en une décennie - devraient
logiquement revenir à 30% moins cher que les inhumations. Elles sont
aussi coûteuses, et même davantage dans un tiers des cas. "On
vend aux familles des cercueils en bois massif alors qu'il en existe
de plus légers et moins coûteux pour les crémations, on rajoute
constamment des prestations, par exemple 350 euros pour disperser
les cendres au cimetière...".
Stratégie commerciale
Et l'on joue l'urgence comme stratégie commerciale. "Nous, nous
disons qu'il n'y a plus aucune urgence. Prenez les pages jaunes
rubrique pompes funèbres. Téléphonez à trois ou quatre entreprises
en posant quelques questions simples. Quel est le premier prix pour
un cercueil destiné à la crémation ? Quel est le coût du corbillard,
des porteurs, leur nombre ? Si l'entreprises ne veut pas répondre,
fuyez !" Car c'est aux familles de défendre leurs propres
intérêts, a compris M. Kawnik. "Ce ne sont pas les sociétés de
pompes funèbres qui s'en chargeront."
Pascale Krémer