Comment préparer
des obsèques? Quelles pratiques sont
autorisées? Qui règlera la note? La mort
est inéluctable et pour bien s'y
préparer, mieux vaut être bien armé
avant le jour J. Réponse à tout! vous
répond sans tabou.
Si nous sommes de
plus en plus nombreux à en parler, la
mort et les funérailles restent des
sujets tabous. Regardez autour de vous,
savez-vous ce que votre père ou votre
grand-mère désire pour sa dernière
demeure? Et vous, y avez-vous réfléchi ?
L'inhumation reste le choix de la
majorité des Français, mais la crémation
gagne du terrain: en 30 ans, elle est
passée de 1% à plus de 30%. Voir ses
cendres dispersées sur la plage de son
enfance, être enterré sous l'arbre où on
a demandé sa femme en mariage… Tout
n'est pas possible.
Il y a des règles à respecter et un
passage obligatoire par la case
pompes funèbres.
Difficile de
chiffrer à l'avance un budget
funérailles. Les prix sont libres.
«Un même service ou produit peut
être facturé jusqu'à 700% plus cher
selon l'entreprise funéraire»,
indique Michel Kawnik, président de
l'Afif qui constate que le coût des
obsèques a bondi de 35% en 10 ans.
Selon une enquête de l'UFC Que
choisir de 2008, les devis établis à
partir d'une demande identique
peuvent varier de 1.586€ à 10.248€!
Faire jouer la concurrence devient
alors essentiel et se poser les
bonnes questions aussi.
Quel jour pour
les funérailles?
Si les pompes
funèbres sont joignables 24h sur 24,
ce n'est pas le cas des cimetières et
des crématoriums. Inhumation ou
crémation devront être réalisées aux
horaires d'ouverture. Etre enterré un
samedi ou un dimanche s'avère
ardu car les maires l'interdisent
souvent le week-end : cela
troublerait l'ordre public. Mais il
existe des exceptions: aux Antilles, si
le décès survient un samedi matin, les
fortes températures gênent la
conservation du corps ou pour les
personnes de confession juive qui
doivent être enterrées dans les 24 h, le
préfet accordera une dérogation
pour une inhumation le lendemain.
Utiliser son
break pour économiser sur le corbillard?
Impossible! La
loi impose que le corps soit transporté
jusqu'au cimetière dans un
véhicule d'un organisme funéraire.
Oubliez aussi votre break pour ramener
le corps en cas de décès dans une
maison de retraite ou à l'hôpital. Pas
de dérogation possible, il faut utiliser
un véhicule spécial agréé.
Où peux-t-on
disperser les cendres?
Depuis fin 2008,
le sort des cendres est règlementé.
Elles peuvent être dispersées partout en
France en pleine nature sauf sur
la voie et les espaces publics. Oubliez
donc la Dame de fer mais pas l'avion ni
la mer si vous volez à 300m des côtes.
L'autorisation du maire de la commune du
lieu de naissance du défunt ou de
dispersion est requise histoire de
garder une trace et de rendre le
recueillement possible. En revanche,
impossible de partager les cendres.
Peut-on tout
organiser?
Oui, mais ne
comptez pas creuser vous même la
tombe ou allumer le bucher! Un
opérateur de pompes funèbres est chargé
des détails techniques (transport du
corps…). Oubliez aussi le cimetière
perché sur le Mont-Blanc, l'inhumation
doit avoir lieu dans la commune de
décès, là où vivait le défunt ou dans un
caveau de famille ou de quelqu'un qui
l'autorise.
Comment exprimer
vos dernières volontés?
Parlez-en à vos
proches, rédigez-les et conservez-les
chez vous, chez un notaire ou
indiquez-les dans un contrat d'assurance
obsèques. A défaut, vos proches
décideront. En cas de désaccord, le juge
d'instance désignera l'organisateur.
Peut-on se
transmettre les cendres de génération en
génération?
Non pour les
crémations postérieures à la loi de
2008. Vous ne devriez même pas les
conserver chez vous. En agissant ainsi,
vous les «confisquez». Vous ne respectez
pas le droit de se recueillir en privant
ceux qui le souhaitent d'honorer le
défunt. Vous avez le choix entre
plusieurs sépultures. L'urne peut être
déposée dans un columbarium (lieu
dédié dans un cimetière), inhumée dans
une concession, une propriété privée ou
dans la mer.
Enterrer l'urne ou
disperser les cendres? Le défunt n'a pas
formulé ses souhaits. Il faut alors
réunir la famille pour faire un choix. A
défaut de décision, les crématoriums
peuvent conserver les urnes pendant un
an au plus.
Peut-on être
enterré avec son chien?
Médor, Félix ou
Titi ne reposera pas près de vous.
Contrairement à la Grande-Bretagne où il
existe un cimetière permettant aux
maitres de reposer avec leur compagnon,
la France interdit d'être inhumé avec un
animal. C'est une question de
décence, la dépouille d'un humain ne
peut côtoyer celle d'un animal. Pour
reposer en paix et en bonne compagnie,
voici peut-être une solution. Vous
pouvez être enterré avec des objets,
rien n'interdit donc, lors de la mise
en bière, de prendre une urne
funéraire contenant les cendres de votre
animal.
Qui paye les
obsèques?
Pour éviter les
tracasseries financières à votre
famille, pensez au contrat d'assurance
obsèques. Certaines formules prévoient
leurs financement et organisation. Si
rien n'a été prévu, les frais
d'obsèques, à hauteur de 3.050€, peuvent
être prélevés par la société de pompes
funèbres sur le compte bancaire
du défunt après autorisation de la
famille et de l'établissement.
L'ensemble des héritiers peut également
demander que ces frais soient déduits du
montant de l'actif de la succession
dans la limite de 1.500€.
Les biens
de la personne sont insuffisants? Les
enfants ou le conjoint doivent alors
supporter ces frais selon leurs
ressources. Si le défunt était
nécessiteux, la mairie peut
régler les obsèques s'il bénéficiait de
l'aide sociale ou si sa famille est
également sans ressources.
Peut-on
fabriquer son cercueil soi-même
Oui… si vous
respectez des règles précises. Exit les
briques ou l'osier, il doit être en
bois, avoir un intérieur étanche, 4
poignées et être fermé par des vis. Pas
irréalisable si vous êtes un tantinet
bricoleur… Reste qu'avec un cercueil
fait maison, aucune entreprise de pompes
funèbres n'acceptera d'organiser vos
funérailles… Elles ne veulent pas
engager leur responsabilité sur un
cercueil qu'elles n'ont pas fourni. Pour
réaliser des économies, optez pour un
cercueil en carton (400€). Bien
moins chers que les autres, ils se font
rares dans les catalogues…
Peut-on se faire
enterrer dans on jardin?
Toute personne
peut être enterrée sur une propriété
privée «hors de l'enceinte des
villes et des bourgs et à la distance
prescrite». Comprenez: si votre commune
compte moins de 2.000 âmes et que votre
jardin est à 35m des habitations. La
demande se fait à la préfecture qui
diligente une étude hydrologique pour
écarter tout risque de pollution
des nappes phréatiques. Il faudra aussi
obtenir l'autorisation d'inhumation du
maire. Autant d'autorisations rarement
accordées et lourdes de conséquences.
Vendre la propriété se corsera quand
l'acquéreur saura que la sépulture doit
rester intacte et ouvre un droit de
passage pour la famille du défunt.
Une urne peut en revanche être déterrée.
Peut-on être
momifié?
La momification
nécessite l'ouverture du crâne et
l'éviscération du corps, pratique
prohibée en France, les pompes funèbres
n'ayant pas le droit de toucher la
dépouille. Seuls les soins de
conservation du corps, l'injection de
produits retardant sa dégradation, par
un thanatopracteur sont
autorisés. Si rien ne vous convient,
vous avez une troisième option: le don
de votre corps à la science. Il tombe
alors dans l'anonymat et vos restes sont
inhumés dans le terrain commun du
cimetière ou incinérés.
Toutes les
épitaphes sont-elles acceptées?
L'inscription
et/ou le dessin ne doit pas être
contraire aux bonnes mœurs et à
l'ordre public. Une croix gammée ou
l'inscription «Assassiné par l'Etat» sur
la tombe d'un contribuable qui s'est
suicidé après un contrôle fiscal ne
seront pas validées. Pour une
inscription
étrangère, un traducteur pourra être
imposé afin de vérifier qu'elle n'est
pas choquante. Si une inscription
insolite est soumise à l'autorisation du
maire, il n'en est rien pour la forme et
la couleur de la pierre tombale tant
qu'elle respecte bonnes mœurs et ordre
public.
Quelle tenue
pour le défunt?
Il est de coutume
d'habiller les morts, mais rien, dans la
loi, ne l'impose. Seule obligation, pour
des raisons d'hygiène: reposer
dans un cercueil. Eh oui, un corps, ça
pollue! Libre à vous de partir avec
votre bague de fiançailles au doigt, vos
boutons de manchette 18 carats aux
poignets ou avec votre ballon de
football dédicacé par Zizou. Aucun texte
n'interdit d'être enterré ou
incinéré avec des objets. Il existe
quand même une exception: les
stimulateurs cardiaques équipés de piles
au lithium doivent resterà la surface…
Très polluantes, elles ont aussi
l'inconvénient d'exploser lorsqu'elles
sont soumises à de fortes températures.
Comment faire
financer son enterrement?
Pour faire face
aux frais, les proches du défunt peuvent
bénéficier d'aides financières. Ils
doivent se renseigner auprès des caisses
primaires d'assurance-maladie. Si la
personne était salariée et en activité
au moment de son décès, son conjoint ou,
à défaut, ses ascendants ou descendants
directs bénéficient d'un capital
décès. Autre piste, les mutuelles et
les caisses de retraite peuvent
participer aux frais. Il est conseillé
aussi de vérifier que le défunt n'a pas
souscrit une assurance décès, vie
ou obsèques. On peut aussi se faire
offrir par la commune une place au
cimetière. Cela permet ainsi d'obtenir
gratuitement une concession
pendant 5 ans sur un terrain communal
même si on a les moyens de s'acheter une
concession. Au bout de 5 ans, la mairie
récupère les restes et les fait
incinérer dans un ossuaire.