SUD OUEST
31 octobre 2005
Extraits
Des
cimetières bien vivants
Thierry
Magnol
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« Les cimetières sont
remplis de gens irremplaçables », disait Clémenceau. C'est tellement
vrai que de plus en plus de monde leur rend visite. Les tombes des
personnages célèbres deviennent les endroits courus par les touristes et
les curieux. Certains sont même l'objet d'un véritable culte. Les morts
aussi ont leurs fan-clubs. Le phénomène n'est pas complètement nouveau.
Depuis longtemps le Père-Lachaise est un des lieux les plus prisés de
Paris. Il est vrai qu'il constitue un véritable livre d'histoire, où
Marcel Proust côtoie Molière et La Fontaine.
Jim Morrison
superstar. Mais les plus adulés de leur vivant ne sont
pas forcément les plus courus après leur mort. Aujourd'hui, la tombe la
plus visitée de France est celle de Jim Morrison, la plus photographiée,
celle de Chopin, et la plus fleurie celle de... Allan Kardec, mort en
1869 et considéré comme père du spiritisme. La nouveauté, c'est
qu'aujourd'hui le Père-Lachaise n'est plus le seul à voir passer du
monde. En province aussi on se met à flâner entre les pierres tombales.
Le cimetière n'est plus cet endroit uniquement associé à la mort, où on
se rendait que pour les enterrements, pour se recueillir sur la tombe
d'un proche ou pour la Toussaint. «Il ne faut pas voir là un quelconque
goût pour le macabre», estime Michel Kawnik, président de l'Association
française d'information funéraire (1). «Simplement, le cimetière n'est
plus exclu de la vie. Il devient un lieu d'histoire, de promenade ou de
méditation. Les communes commencent d'ailleurs à en prendre conscience
en effectuant des travaux d'embellissement et en conservant les
anciennes sépultures qui constituent une mémoire de la ville ou du
village. Le cimetière fait désormais partie du patrimoine, au même titre
que d'autre monuments.»
Se singulariser. Les
tabous sont tombés, et cela change aussi la relation à la mort. «On
cherche de plus en plus à personnaliser les obsèques et la sépulture,
confirme Michel Kawnik. Le but n'est pas, comme à une certaine époque,
d'avoir le monument le plus beau ou le plus imposant, mais de le
singulariser.» De la même façon, pour la période de la Toussaint, le
chrysanthème ne règne plus sans partage. D'autre fleurs et d'autres
senteurs apparaissent pour donner au cimetière un air de fête, de fête
des morts
(1) www.afif.asso.fr
: c'est aussi sur ce site que figurent les coordonnées de Bertrand
Beyern.
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