Jean PLANCHON, 1914 - 2006
Je
n’aurais jamais cru qu’il put être aussi difficile de gagner le bout de
la nuit…
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Les chemins rocailleux qui mènent aux cieux lyriques de l’enfer,
Conduisent en une longue théorie les corps décharnés d’humains au regard perdu ;
Croyant gagner les plus hautes cimes d’où ils pourraient s’élancer,
Dont ils ne peuvent s’échapper.
Les vertiges du passé hantent mes pensées comme les personnages d’un mauvais rêve ;
Rédemption où tout se mélange, où tout se confond et où tout se noie,
Où tout ce qui est au loin revient, où l’on revient de tout :
Quitter la vie est plus remarquable que d’y entrer ;
A mes souvenirs perdus, succèdent les souvenirs du passé retrouvé,
Tu nous quittes, j’arrive en première ligne et,
Seule,
La mort s’annonce.
Et voilà qu’au bout du tunnel, après nous avoir plantés là,
De l’entière désespérance,
Dans une lumière laiteuse infinie,
Il se redresse soudain,
Vaillant,
Percevant l’imperceptible souffle du vent,
Ami qui le soutient,
Ami qui le nourrit,
Il sourit répondant à l’appel du printemps,
Il s’épanouit ;
En un instant qui aura peut-être duré mille ans,
De mon père qui se perd renaît un enfant
A mourir ainsi sans linceul,
Sans cercueil et sans gloire,
Où tourner désormais nos larmes et nos prières ?
Vers quel horizon se perdent les souvenirs débarrassés des reliques amères de leur lointaine jeunesse ?
Tel un regard évanoui, la trace tourmentée de tes cendres dispersées par le vent se fond comme un iris épanoui dans le bleu du ciel...