LE PROGRES 27 octobre 2009
ActuMarchés
Les opérateurs funéraires tirent
les prix vers le haut.
Tendance. Depuis la fin du monopole des communes en matière
d'obsèques, les tarifs ne cessent d'augmenter
Mourir coûte cher. Selon une
étude d'UFC-Que choisir, réalisée en octobre 2008, le coût des
obsèques s'élève à 3 900 euros en moyenne, soit une hausse de 34
% en dix ans. L'organisme de défense des consommateurs dénonce
un certain nombre d'abus : pour des services tels que les
démarches et l'assistance administrative, les prix pratiqués par
les Pompes funèbres peuvent varier... de 1 100 %. Pour le
responsable d'une entreprise de pompes funèbres indépendante,
installée à Lyon, l'augmentation des prix est liée aux acteurs
principaux du marché : « Ils tirent les prix vers le haut, et
tout le monde suit. C'est la course à la rentabilité ». À Lyon,
on compte près de 10 000 décès par an. Les Pompes funèbres
générales (PFG), gérées par Vestar Capital partners, un fonds de
pension américain, se taillent la part du lion avec 40 % des
parts de marché. Vient ensuite la régie municipale des villes de
Lyon et Villeurbanne (20 %). Roc'eclerc, le groupe créé par
Michel Leclerc, cousin d'Édouard, s'adjuge 18 % de l'activité du
secteur. Le reste étant partagé entre les différentes
entreprises indépendantes. Leader du marché français et
lyonnais, les PFG se classaient, en 1997, à la 33e place des
entreprises les plus rentables de France, selon un article des
Échos. « Le marché des pompes funèbres est lucratif. Nous sommes
une entreprise privée, nous sommes là pour gagner de l'argent »,
confirme Cyril François, directeur des PFG de Lyon. Pierre
Cachat, président de l'Union des professionnels du funéraire de
Rhône-Alpes et patron de la société Rozier, implantée à Lyon
depuis 1935, ne dit pas autre chose : « Les pompes funèbres sont
rémunératrices, sinon, les financiers ne s'engouffreraient pas
dans ce secteur. » Reste la question de l'éthique. « Le
problème est que ces bons résultats financiers proviennent de
l'argent de familles endeuillées, qui sont dans une situation de
faiblesse et d'inexpérience », lance Michel Kawnik, président de
l'Association française d'information funéraire. « Par exemple,
le coût de location des chambres funéraires est variable. Pour
trois jours, on vous facture de 100 à 600 euros, suivant la
société. » Une charte du respect de la personne endeuillée
est en cours d'élaboration par la délégation interministérielle
à la Famille. Signature prévue le 29 octobre. Objectif : «
Apporter aux familles une information sur les tarifs spécifiques
». Mais les professionnels semblent s'en désintéresser. Pierre
Cachat la signera mais estime qu'elle « ne sert à rien ». « La
majorité des entreprises de pompes funèbres respectent déjà ces
principes », assure-t-il. Emmanuelle Sautot
BON A SAVOIR
> Ce que dit la loi,
La loi de 1993 a mis fin au monopole des communes en
matière d'obsèques. Depuis, le secteur est en régime
de concurrence. Aujourd'hui, on trouve des
entreprises privées indépendantes, des grands
groupes ou des régies. Ce qui est le cas à Lyon.
> Le marché
à Lyon Les villes de Lyon et de Villeurbanne
ont confié aux Pompes Funèbres Intercommunales de
l'agglomération lyonnaise leur régie, la compétence
du service de pompes funèbres ainsi que la gestion
des chambres funéraires de Lyon et de Villeurbanne
et du crématorium situé dans le cimetière de la
Guillotière.
> Comment
éviter les arnaques ? D'abord, il est
conseillé de prendre son temps. Il ne faut pas se
sentir en situation d'urgence. Faites faire trois
devis différents. Puis posez, par téléphone, les
questions suivantes : - Quel est le montant des
honoraires et des démarches de votre société pour
une inhumation à tel cimetière ? - Quel est le
premier prix pour un cercueil en chêne équipé ? -
Quel est le coût pour le corbillard et les porteurs,
ainsi que le nombre de porteurs ? Si votre
interlocuteur refuse de vous répondre, ne vous
déplacez pas et rayez l'entreprise de votre liste
(conseils de l'Association française d'information
funéraire)
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