FRANCESOIR
15 février 2007
L'indice du coût de la mort
Alexandra Lombard
Mardi à Laon,
un jeune chômeur de 22 ans a creusé lui-même la tombe de son père dans
le cimetière communal. Il n'avait pas l'argent nécessaire à l'inhumation
de son géniteur, mort à l'hôpital une semaine auparavant. Un fait qui
met au jour le coût de plus en plus exorbitant de la mort en France.
« En moyenne, même si tout dépend du département, de la région ou de la
commune, une cérémonie avec inhumation coûte entre 1.400 et 4.800 euros
», précise Michel Kawnik, président de l'Association française
d'information funéraire (Afif). Chaque année
depuis près de dix ans, les prix des services funéraires connaissent une
inflation de 6% à 9%. Et les prix s'en ressentent. « C'est tellement
facile d'exploiter la détresse des proches d'un défunt » souligne Michel
Kawnik. Il se bat, depuis la création de l'Afif, pour « une éthique
commerciale spécifique des pompes funèbres ».
A la pelle et
à la pioche Les plus grandes
sociétés funéraires du pays sont dans sa ligne de mire. Le cas d'Hervé
F., 22 ans, obligé avant-hier de creuser lui-même la tombe se son père
décédé à 55 ans, « est un acte inhumain aux conséquences
psychologiques terribles ». « Mais le plus
terrible encore, reprend le président de l'Afif, c'est
l'impossibilité de plus en plus grande des personnes en difficulté
financières à régler les obsèques de leurs proches »
« Une expression intolérable de la paupérisation d'une partie des
Français », martèle Michel Kawnick, dont le timbre rassurant s'emporte
d'un coup. L'entreprise de pompes funèbres Sautier qui avait proposé ses
services à Hervé F. avait « symboliquement » diminué sa facture de 1.700
à 1.200 euros. « Eh bien, oui ! s'emporte encore le président de l'Afif,
500 euros, c'est le prix que demandent les entreprises de services
funéraires pour creuser au tractopelle un trou de deux mètres de long
sur un de large, d'une profondeur de 1,50 mètre. » Et de rappeler qu'au
33e rang des entreprises les plus riches de France, on retrouve les
Pompes Funèbres Générales dont Sautier est une filiale.
A vot'bon
cœur Hervé F. lui, s'est retrouvé «
pressé par le temps » suite à la mort de son père. La loi lui accordait
six jours entre le décès et la mise en bière. La commune n'a pas pu
prendre en charge l'inhumation. Le jeune homme l'a fait à la force de
ses bras avec quatre amis, puis a descendu le cercueil en chêne de son
père dans la fosse après un office religieux de 45 minutes.
A l'endroit où repose désormais son père, il n'y a qu'un croix en bois
et un nom au feutre indélébile. Ce drame n'a pas laissé la région
insensible. Hervé F. devrait recevoir plus de 1.000 euros de dons et 450
euros du centre communal d'action sociale.
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