Si la vie n'a pas de prix, la mort, elle, a un coût. Le « business
de la Faucheuse » rapporte gros. Surtout depuis 1993, année où les
services funéraires ont cessé de relever d'un monopole municipal.
Les familles ont eu beau acquérir la liberté de choisir leur
entreprise de pompes funèbres, cela n'a pas empêché les prix de
grimper.« Sur les dix dernières années, la facture a augmenté deux
fois plus vite que le coût de la vie. Il faut compter au moins 2
500 euros pour une cérémonie « de base ». Mais personne ne
s'alerte de cette flambée des tarifs, explique Marc Manzini,
vice-président de la Chambre nationale syndicale des arts
funéraires (CSNAF), qui lutte contre des abus du secteur.
« Le marché de la mort est obscur. Il y règne la loi du silence »,
poursuit Michel Kawnik, président fondateur de l'Association
française d'information funéraire. « Lorsque, il y a dix ans, j'ai
créé l'Afif pour protéger les familles, j'ai reçu des cercueils en
carton par la poste », se souvient-il. Et pour cause, depuis
quinze ans, les hommes en noir mettent un point d'honneur à ne pas
divulguer leurs tarifs.
« Une véritable entente s'est constituée sur le dos des endeuillés
» affirme Marc Manzini. D'ailleurs dans cet univers opaque, les
prix ne figurent nulle part et les devis font office de facture. «
Les entreprises funéraires n'ont qu'un but : gonfler au maximum
"la douloureuse" avec des services inutiles ou hors de prix »,
dénonce Michel Kawnick. D'autant que, « avec la montée en
puissance de la crémation (un quart du marché), la profession
souffre », reconnaissent Michel Minard, président d' OGF-PFG, et
Michel Marchetti, président du Choix funéraire, les coprésidents
de la Confédération des professionnels du funéraire et de la
marbrerie. |
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