RESON@NCE

MAGAZINE DE L'ACTUALITÉ DES PROFESSIONNELS FUNÉRAIRES

Janvier - février 2004

 

L'AFIF, pour la défense d'une certaine éthique de la profession funéraire

 

Michel KAWNIK,  fondateur et directeur de l’association française d’information funéraire (AFIF) a bien voulu répondre aux questions de Réson@nce pour mieux connaître cette
"institution" du secteur funéraire.

 

      Réson@nce : M. Kawnik, à quand remonte la création de l’AFIF et quels sont les buts poursuivis par cette association ?

      Michel Kawnik : L’association française d’information funéraire (AFIF) a été créée en 1992, durant la période agonisante du monopole communal.
      Une de nos missions premières a été, et est toujours, de permettre à toute personne d’être renseignée et ainsi de pouvoir selon le cas : sélectionner une formule de prévoyance, savoir que faire lors d’un décès au domicile ou dans un centre de soins, connaître le lieu de séjour d’un corps avant mise en bière, sélectionner une entreprise à travers les questions qu’elle va poser par téléphone, de pouvoir prescrire éventuellement des soins de conservation, etc...
      Compte tenu de l’évolution des mentalités, les familles confrontées au décès d’un proche doivent pouvoir obtenir un appui lors des premières décisions et démarches. Elles ne peuvent pas être laissées dans l’ignorance au moment de s’engager sur une dépense onéreuse.
      De plus, d’éventuelles conséquences psychologiques irréparables pourraient s’ajouter au choix hasardeux et non judicieux d’un mandataire.

      Réson@nce : Après onze ans d’existence, comment l’AFIF est-elle perçue ? a-t-elle une réelle influence ?

      Michel Kawnik : L’AFIF est devenue une référence pour la période du décès et des obsèques. Toutefois, elle semble encore incomprise d’un certain nombre d’entreprises funéraires.
      Or, depuis la création de l’association, la priorité a toujours été de répondre aux besoins exigés de transparence et d’inciter les entrepreneurs à offrir une nouvelle image de leur activité trop souvent décriée, suite aux agissements d’un petit nombre.
      En tout cas, grâce à son action, l’AFIF a vu son influence croître d’année en année, tant auprès des familles, des services sociaux et médicaux, que des organismes de consommateurs et des médias.
      Pour ce qui les concerne, les professionnels sociaux et médicaux connaissent son existence et collaborent activement à cette action de solidarité.
      Quand à l’engagement de l’AFIF au côté du consumérisme, il ne peut pas plaire à toutes les entreprises puisqu’il dénonce des stratégies malsaines. L’examen des condamnations par le Conseil de la Concurrence est à ce titre très instructif. A ce jour, toutes les actions engagées, sans publicité et dans le silence de la honte, pour tenter d’étouffer ce mouvement impartial d’aide qu’est l’AFIF, ont échoué. Les plaintes déposées pour nuire à l’AFIF, comme aux hôpitaux ou aux services d’urgence, ont toujours fait l’objet d’un classement.

      Réson@nce : Quelles sortes de services offre l’AFIF ?

      Michel Kawnik : Pour les évoquer rapidement d’une manière exhaustive, il s’agit d’une permanence téléphonique, d'une réponse donnée sous 24 heures à toute demande formulée par mail, de la mise à disposition de lettres types pour les démarches et les formalités, du grand Livre du Souvenir, d'une aide apportée pour une immersion ou une dispersion de cendres lorsque les proches ne peuvent pas se déplacer.
      Au sujet de ce dernier point, une société de pompes funèbres connue s’en est pris récemment à l’AFIF pensant probablement espérer tirer avantage d’une « importante manne financière » dans ce « marché de la dispersion et de l’immersion », acte effectué parfois plusieurs années après le décès. Pourtant, dans le même temps et paradoxalement, cette même grande société tente d’influencer les familles pour les inciter à choisir l’achat d’une sépulture cinéraire dans un cimetière (les dogmes religieux et les déclarations de certains spécialistes du deuil ont bon dos !).
      Enfin, l’AFIF se déplace lors de réunions organisées par des municipalités, des centres de soins, des associations de personnes âgées et des commissions consultatives. De la même manière pour notre participation au salon du Bourget, afin de répondre aux questions que se posent certains professionnels sur la législation, les besoins des familles, les adaptations nécessaires pour l’après monopole, les nouveaux rites, etc. A ce propos, il convient de souligner que l’AFIF paie sans passe-droit ni aucune réduction son stand de 9 m². Ceci représente une somme importante du budget d’une telle association.

      Réson@nce :  De quels moyens disposent  l’AFIF ?

      Michel Kawnik : Ses moyens humains et matériels sont aujourd’hui adaptés à sa mission. C’est principalement une permanence téléphonique 24 heures sur 24 qui reçoit une quarantaine d’appels journaliers, et un secrétariat animé bénévolement pour répondre aux courriers. Ensuite, un important site Internet, avec ses 63 rubriques, fait l’objet d’un nombre très élevé de consultations. On peut y découvrir notamment des prix pratiqués en matière d’obsèques, les tarifs détaillés de tous les  crématoriums, les types de concessions avec leur prix pour les cimetières de 30 grandes villes. Toujours sur le site Internet, on peut trouver exposés les griefs des familles (114 dossiers consultables à ce jour), les textes législatifs accompagnés des éclaircissements apportés par un spécialiste incontestable au plan juridique, Damien Dutrieux, les références de 130 livres concernant le décès et la mort, les coordonnées de tous les centres et unités de soins palliatifs, les associations de soutien et d’aide classées par département, etc.
      Bien entendu, les médias connaissent bien cette association et font l’écho des observations exposées par cet organisme.

      Réson@nce : Comment peut-on définir aujourd’hui les relations existantes entre l’association, qui est à but non lucratif, et les sociétés commerciales ?

      Michel Kawnik : Dès 1993, vu l’absence à cette époque de toute certification nationale ou de label, l’AFIF a élaboré une charte d’éthique et de qualité, laquelle est aujourd’hui reconnue et cautionnée pour son sérieux,  son indépendance et les contrôles exercés.
      Les entreprises, si elles respectent les familles affectées psychologiquement mais aussi les lois de la concurrence et la transparence des prix, peuvent s’engager sur cette charte, obtenir notre agrément et ainsi autoriser notre site Internet à reproduire leurs tarifs.
      Tout en participant à répondre « au lobbying des familles », (expression chère au sénateur Jean-Pierre Sueur, auteur de la loi de 1993 qu’il faut soutenir pour son action qui a permis de donner la liberté de choix des funérailles et un avenir à 80 % des entreprises), ces entreprises autorisent aussi, par un soutien financier indispensable, une mission sans autre équivalent.
      Ces mêmes entreprises de pompes funèbres ou de marbrerie funéraire ne peuvent pas être présentes au conseil d’administration, ni assister aux assemblées, ni faire parti du bureau de l’AFIF. Elles le savent et acceptent donc ainsi sans équivoque de ne pouvoir ni subordonner, ni menacer l’ impartialité et l’indépendance, ni détourner « commercialement » l’influence de l’AFIF, contrairement à ce qu’une grossière désinformation aimerait tant le faire croire !

      Réson@nce :  En conclusion, à travers l’action menée au sein de votre Association, pouvez-vous nous dire comment vous voyez, dans les prochaines années, évoluer le funéraire en général et l’AFIF en particulier?

      Michel Kawnik : Pour ce qui concerne le funéraire, je laisse le soin à d’autres de prévoir l’avenir car tout ce qui se passera demain va résulter d’une alchimie dont l’association ne maîtrise pas tous les ingrédients.
      En tout état de cause, nous constatons aujourd’hui dans le secteur funéraire que des groupes financiers achètent, revendent et provoquent souvent la fonte accélérée de leurs propres parts de marché; des franchises n’existent que par le sérieux de certains adhérents et non par les qualités de leurs dirigeants; les contrats obsèques représentent des enjeux considérables mais sont là aussi une source de drame chez des familles; des bouts de canalisation pour une crémation en quelques secondes ont fait l’objet d’un joyeux vacarme; etc...
      Quand à l’action des syndicats professionnels du secteur, il ne m’appartient pas d’émettre une opinion au nom de l’association.
      Par contre, la seule chose qui soit sûre, c’est l’existence d’un marché captif de milliers de dossiers que les entreprises doivent se partager. Leurs images auprès du public, leurs stratégies et les moyens qu’elles acceptent de se donner font la différence.
      Pour ce qui concerne directement l’AFIF, toute personne peut constater que sa mission s’exécute avec sérénité.
      Les résultats non contestables de cet organisme le démontrent :
      - 1000 connexions journalières pour le site internet www.afif.asso.fr
      - 56 reportages, émissions télé ou radio en  2003.
      - 43 liens de grande qualité qui renvoient vers le site internet de l’AFIF.

      Notre action de soutien et d’aide n’est plus à démontrer. Nous réfléchissons sur les moyens de motiver et de faire comprendre aux entreprises qu’il faut répondre aux exigences du consommateur, à savoir : le professionnalisme, la transparence, une garantie sur la qualité. Pour ces dernières, s’engager sur les critères de notre organisme continuera d’exprimer une volonté de respect pour l’éthique commerciale d’une activité en tout point spécifique, puisqu’elle est liée au deuil et à la mort.

 

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